- saturer
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• 1753; « rassasier » v. 1300; lat. saturare1 ♦ Sc. Combiner, mélanger ou dissoudre jusqu'à saturation; réaliser la saturation de.2 ♦ (Ce sens, qui continue l'a. fr., est senti comme fig. du sens 1) Rendre (qqch.) tel qu'un supplément de la chose ajoutée soit impossible ou inutile. Saturer une éponge d'eau, la gorger. ⇒ remplir. L'air est saturé de vapeur d'eau. — Fig. Saturer qqn de qqch., lui fournir, lui faire subir qqch. en trop grande quantité, à un niveau excessif. « Tous ces socialistes forcenés, qui nous saturent de raisonnements et d'enseignements impérieux » (Péguy). ⇒ soûler.3 ♦ Intrans. (sujet personne) Fam. Arriver à saturation. Je ne supporte plus la télévision, je sature.Synonymes :- gaversaturerv. tr.d1./d CHIM Saturer un liquide: dissoudre un corps dans un liquide jusqu'au degré de concentration maximale.|| Saturer un corps (dont les atomes sont liés par une liaison multiple), fixer des éléments sur ce corps de telle sorte que ses atomes se trouvent liés par une liaison simple.d2./d Fig. Rassasier jusqu'au dégoût. Saturer qqn de rock.⇒SATURER, verbe trans.A. — SC. ET TECHN.— CHIM. Amener à saturation, produire une saturation (v. ce mot A 1, 2). Saturer de sel une solution; l'acide nitrique sature parfaitement les bases alcalines. On sature une petite quantité du sel par l'acide acétique très-pur, et on ajoute la liqueur d'essai d'Hanhemann: si la liqueur ne se colore pas, le sel est exempt de plomb (KAPELER, CAVENTOU, Manuel pharm. et drog., t. 1, 1821, p. 162):• Dans les nouveaux magasins, un dispositif de première intervention au gaz carbonique a été installé: la projection commandée à partir d'une batterie de réservoirs, doit saturer (...) l'atmosphère dans les magasins des manuscrits, des estampes et des cartes et plans...CAIN, Transform. B.N., 1959, p. 63.— En partic. Accroître la teneur en vapeur d'eau de l'atmosphère jusqu'à la saturation. Saturer l'air de vapeur d'eau. (Dict. XXe s.). Au lever du jour, un brouillard assez dense rampait lourdement sur les eaux du fleuve. Une partie des vapeurs qui saturaient l'air s'était condensée par le refroidissement et couvrait d'un nuage épais la surface des eaux (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 101).— Empl. pronom. passif. M. Pasumot (...) prétend qu'il y a dans l'atmosphère des couches graduelles d'un air pour ainsi dire sec et absorbant; que ces couches se saturent de l'humidité de celles qui leur sont subordonnées (DUSAULX, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 161). La substance à étudier est déposée sur une feuille de papier filtre, laquelle est placée dans une cage en verre parfaitement étanche où elle se sature de la vapeur de la phase aqueuse (PRIVAT DE GARILHE, Acides nucl., 1963, p. 44).— P. anal., empl. intrans., ÉLECTROACOUST. ,,Produire la saturation d'un son`` (Presse 1981).B. — 1. P. ext., dans le lang. cour. Remplir, imprégner complètement. Saturer une éponge d'eau; saturer la terre d'engrais artificiels; électricité qui sature l'atmosphère. Cette eau retenue dans un réservoir, est aisément conduite à mon potager (...). Je l'enrichis autant que je le puis avec le tan qu'on rejette des fosses, avec du sel (...), de la chaux, et enfin tout ce qui peut la saturer de parties convenables à la végétation (CRÈVECŒUR, Voyage, t. 3, 1801, p. 53). La peau qui a été préparée mécaniquement est roulée en forme de sac et remplie de fragments d'écorce; le tanneur y verse de l'eau et cette décoction sature graduellement la peau (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 138).— En partic. Surcharger d'une odeur. Saturer ses vêtements de parfum. Des muscadiers au feuillage verni saturaient l'air d'un parfum pénétrant (VERNE, Tour monde, 1873, p. 90). Le malade s'éveilla, et dès que Jean eut reconnu le traînement des pantoufles paternelles, il entra dans l'odeur de remèdes qui saturait la chambre (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p. 161).2. Au fig. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers. ou, p. méton., l'esprit ou une faculté intellectuelle] Saturer qqn de qqc. Donner quelque chose à quelqu'un ou la lui faire subir à l'excès jusqu'à provoquer une réaction de rejet ou de dégoût. Synon. rassasier. Saturer qqn de conseils, de raisonnements; saturer les consommateurs de publicité. Pour les enfants l'avenir n'existe pas. On avait beau les saturer de cette maxime: « Que le travail est honorable et que les riches parfois sont malheureux, » ils avaient connu des travailleurs nullement honorés et se rappelaient le château où la vie semblait bonne (FLAUB., Bouvard, t. 2, 1880, p. 169). Rien ne saurait apparemment sur terre ni saturer notre besoin de savoir, ni épuiser notre pouvoir d'inventer (TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 312).— Empl. pronom. réfl. Se saturer de lecture. Je me sature de tristesse en relisant les vieilles lettres de mes parents morts et de quelques amis anciens qui m'ont lâché (BLOY, Journal, 1892, p. 23). Certes il arrive que les gens, même ceux que nous aimons le mieux, se saturent de la tristesse ou de l'agacement qui émane de nous (PROUST, Sodome, 1922, p. 789).Prononc. et Orth.:[
], (il) sature [-
]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1300 « rassasier » (AIMÉ DU MONTCASSIN, Ystoire de li Normant, éd. V. de Bartholamaeis, p. 112, 6); b) 1790 fig. (SAINT-MARTIN, Homme désir, p. 123); c) 1827 « rendre tel qu'un supplément de la chose ajoutée soit impossible ou inutile » (CHATEAUBR., Lib. Presse, Opin. Police Presse, p. 200); 2. 1762 chim. (Ac., déjà en 1753 au part. passé, v. saturé). Empr. au lat. saturare « rassasier, assouvir », de satur « rassasié », dér. de satis « assez ». Fréq. abs. littér.:52. Bbg. GOHIN 1903, p. 363.
saturer [satyʀe] v. tr.ÉTYM. 1753; « rassasier », v. 1300; lat. saturare, de satur « rassasié », de satis « assez ».❖1 (1753). Sc. Combiner, mélanger ou dissoudre jusqu'à saturation, réaliser une saturation. || Saturer de l'eau avec du sel. || Saturer l'air de vapeur d'eau.1 Supposons qu'on approche l'un de l'autre deux atomes d'hydrogène; il existera entre ces deux atomes une énergie mutuelle d'où résultera pour eux une tendance à s'unir avec formation d'une molécule stable. Mais une fois la molécule constituée, elle n'aura aucune tendance à s'agréger un troisième atome pour former une molécule triatomique : la valence de chaque atome H a été « saturée » par son union avec l'autre atome H.L. de Broglie, Physique et Microphysique, p. 25.2 (Ce sens, qui continue l'anc. franç. est senti comme fig. du sens 1). Rendre tel qu'un supplément de la chose ajoutée soit impossible ou inutile. || Le parfum (cit. 15) dont elle saturait ses vêtements. || Saturer une éponge d'eau, la gorger. ⇒ Emplir, remplir.3 (1870). Remplir (qqn de qqch.) jusqu'à l'en dégoûter. || Saturer d'angoisse les esprits désenchantés (→ Commémoration, cit. 2). — Pron. || Le cœur se sature d'amour (→ Adhérence, cit. 4).2 (…) tous ces socialistes forcenés, qui nous saturent de raisonnements et d'enseignements impérieux sur le fonctionnement de l'économique (…)Ch. Péguy, la République…, p. 188.3 Entre-temps, je me sature des Contes de Voltaire, grands et petits (…)Gide, Journal, 11 févr. 1934.——————saturé, ée p. p. adj.ÉTYM. (V. 1770 au sens 3).1 Sc. (1813). a Se dit d'un liquide ou d'une solution qui, à une température et une pression données, renferme la quantité maximale d'une substance dissoute.➪ tableau Vocabulaire de la chimie.b Se dit d'un atome sous sa valence maximale et par suite d'un atome dont toutes les valences sont satisfaites. || Carbures saturés : hydrocarbures de formule générale CnH2n+2 Syn. : alcanes, paraffines.c Neutralisé, en parlant d'un acide.e Phys. || Activité saturée : activité maximale que l'on peut obtenir dans un réacteur nucléaire avec un flux donné de neutrons.4 Mais si au contraire il (le brouillard) s'élève et gagne la région supérieure où l'air est moins dense, et peut, comme disent les chimistes, n'être pas saturé ?Diderot, Suppl. au voyage de Bougainville, I.2 Cour. Complètement rempli, qui ne peut contenir plus. || Paquets de neige saturés d'eau (→ Égoutter, cit. 2). ⇒ Plein, rempli. || Atmosphère saturée de relents d'alcool (cit. 3). — Marché saturé (d'une denrée, d'un produit). ⇒ Encombré. || Autoroute saturée. || Parking saturé. — Mémoire d'ordinateur, voie de transmission saturée.3 (Abstrait). || Être saturé d'une chose, en avoir en surabondance, à satiété. || Il a trop lu de romans policiers : il en est saturé. ⇒ Dégoûté, écœuré, fatigué. || Je suis saturé de ses vantardises, de l'entendre se vanter.♦ Cœur saturé de joie. ⇒ Plein, rempli, soûl.5 Plongez en la mer une éponge saturée d'eau, elle n'en boira pas une goutte de plus.Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, XII.6 (…) ces femmes du XVIIIe siècle (…) toutes saturées, à l'exception de deux ou trois, de positivisme et de scepticisme. Elles me semblent avoir des âmes d'avoués.Ed. et J. de Goncourt, Journal, 12 nov. 1876, t. V, p. 221.4 Math. Se dit d'un ensemble possédant une propriété donnée lorsque cette propriété n'appartient à aucun ensemble incluant le premier.❖CONTR. (Du p. p. adj.). Insaturé.DÉR. Saturable, saturant, saturateur.COMP. Sursaturer.
Encyclopédie Universelle. 2012.